Saturday, August 15, 2020

L'histoire d'un chirurgien sur l'impact gratifiant de la chirurgie plastique





Chaque matin, le Col Dr Charles Furaha se réveille avec le désir de changer encore une autre vie.

En tant que chirurgien plasticien, il a eu à faire de la restauration, de la reconstruction et de l'altération du corps humain. Les cas dont il s’occupe sont entre autres les abdominoplasties, les liposuccions, les réductions mammaires, la thermocoagulation des points noirs du visage, etc…

Il fait cela depuis neuf ans, et prendre soin de ses patients et les voir contents est ce qui le soutient dans l’exercice de cette profession perplexe. 

Col. Charles Furaha :

« Rendre les gens heureux grâce à la chirurgie est très gratifiant et contribue beaucoup à rendre mon travail et ma vie plus faciles et plus réjouissants. »

Devenir chirurgien

Dr Furaha a adoré la chirurgie dès sa formation de premier cycle et il attribue cette passion à son intérêt pour la construction et la fabrication d'objets avec ses mains depuis son jeune âge.

Dr Furaha est le premier chirurgien plasticien au Rwanda. Photo offerte gracieusement.

Il pense que c’est le mélange en lui d’une dose d’ingénierie et d’art dans son esprit et l'amour pour la chirurgie qui l'ont attiré vers la chirurgie plastique comme profession.

« J'ai réalisé que c'était la spécialité qui correspondait le mieux à ma personnalité. »

Le chirurgien a reçu sa formation à l'Université du Witwatersrand, en Afrique du Sud et travaille maintenant à plein temps à l'hôpital militaire du Rwanda.

Bien que la chirurgie plastique soit encore une chose relativement nouvelle au Rwanda, le médecin affirme qu'elle a jusqu'à présent été très bien accueillie par ses collègues et de nombreux patients car elle a apporté des réponses à de nombreux besoins jusqu'alors non satisfaits.

Actuellement, plus de 95% des actes chirurgicaux qu'il effectue sont des procédures de reconstruction (une opération visant à corriger une anomalie ou une déformation).

         Dr Furaha (C) lors d'une opération la semaine dernière. Photo offerte gracieusement

Il fait également des opérations de chirurgie esthétique, mais il précise qu’elles sont encore peu nombreuses, bien qu'il espère pouvoir en faire un peu plus dans un avenir proche. 

« Parmi les chirurgies reconstructives que je pratique, la plupart d'entre elles concernent le traitement des plaies difficiles, des brûlures, des fentes labiales et palatines, la reconstruction des parties du corps excisées par les chirurgies cancéreuses ou les blessures post-traumatiques », révèle-t-il.

Son opération la plus difficile à ce jour consista à réimplanter une main coupée par une machine. Il lui fallut plus de 12 heures pour le faire.

Alors que reconstruire un corps humain est risqué, le médecin soutient que pour assurer de bons résultats, il faut de la précision et un dévouement à la perfection.

« Reconstruire le corps de quelqu'un n'est pas plus risqué que tout autre type de chirurgie majeure. Comme dans n'importe quel domaine de la vie, pour obtenir d'excellents résultats, il faut planifier à l'avance, savoir ce qu'on fait et avoir la volonté de le faire de son mieux », note-t-il.

La chirurgie plastique est plus qu'une tendance 

Les gens souhaitent toujours paraître aussi avantageusement qu’ils le peuvent pour de nombreuses raisons. Parfois même pour des raisons auxquelles beaucoup de gens ne penseraient pas, comme se donner les meilleures chances de garder leur emploi le plus longtemps possible, explique le chirurgien.

Dr Furaha pense que si la chirurgie plastique consiste davantage à donner une belle apparence à une personne, elle la redynamise et lui donne confiance en elle-même.

« Comment pensez-vous qu'un garçon à la poitrine mamellée se sent ? À quel point se sentirait-il revigoré si la possibilité lui était offerte de subir une intervention chirurgicale qui lui donnerait la même poitrine plate que ses semblables ? Les malformations congénitales et acquises peuvent être très stressantes pour un être humain. Les corriger s'accompagne généralement d'un soulagement et d'une satisfaction pour le patient », dit-il.

« Le nec plus ultra pour moi c’est la correction des fentes labiales. La majorité des enfants ayant une fente labiale non corrigée n'iront pas à l'école et même s'ils y vont, le risque est grand qu’ils la détestent et n’arrivent pas à étudier comme il faut à cause des brimades des autres écoliers. Chaque fois que je corrige la fente labiale d'un bébé, je sais que je lui délivre un passeport pour aller à l'école ainsi qu’une opportunité d'être le meilleur qu’il ou elle puisse être dans son avenir. C'est dopant ! Soit dit en passant, les actes chirurgicaux sur les fentes labiales et palatines sont gratuits pour les patients à l'hôpital militaire du Rwanda. »

Selon le docteur, les interventions chirurgicales esthétiques les plus populaires dans le monde sont l'augmentation mammaire, la liposuccion, l'abdominoplastie, le remodelage du nez et la vaginoplastie.

Le médecin encourage ceux qui souhaitent subir ces opérations de faire le pas et leur assure des tarifs abordables pour le service. Il affirme que le coût de ces chirurgies est assez similaire à celui des opérations pratiquées dans d'autres domaines de la chirurgie. 

« Les gens pensent à tort que la chirurgie plastique est très chère uniquement à cause du battage médiatique qui l'entoure dans l'industrie du showbiz. Même aux États-Unis, les neurochirurgiens, les chirurgiens orthopédistes et les cardiologues sont susceptibles de gagner plus que les chirurgiens plasticiens. »

Les effets secondaires possibles

Les cicatrices chirurgicales sont très courantes en chirurgie plastique et peuvent parfois mal tourner. Néanmoins, le médecin souligne qu'il n'y a pas de chirurgie ou de traitement en général sans risques de complications. 

Il ajoute que l'essentiel est de savoir qu'ils peuvent arriver, d'avertir le patient avant la chirurgie et de faire de son mieux en tant que chirurgien pour les éviter.

Selon lui, à l’exception des enfants, n'importe qui, à condition de le faire pour les bonnes raisons, peut subir une opération de chirurgie esthétique s'il n'y a pas d’antécédent médical sous-jacent qui empêcherait qu’elle puisse être exécutée en toute sécurité.

Son travail va de pair avec l’intégrité, et il essaie de parler à ses patients pour s'assurer qu'ils ne modifient pas leur corps pour des motifs imprudents.

« Étrangement, certaines personnes peuvent vouloir subir une chirurgie esthétique pour tenter de renouer une relation brisée ou en voie de l'être. C'est la pire raison pour vouloir modifier son corps et si je le détecte lors de ma conversation avec un patient potentiel, je fais tout pour éviter de faire cette intervention. »

L'avenir de la chirurgie plastique 

En tant que premier chirurgien plasticien au Rwanda et à présent l'un des deux sur place, le Dr Furaha dit qu'il ne peut pour l'instant se permettre de se spécialiser dans un domaine spécifique de la chirurgie plastique. Il fait un peu de tout pour pouvoir répondre à la variété des besoins de ses différents patients. 

Ce n'est que lorsque le pays aura des dizaines de chirurgiens plasticiens qu'ils pourront affiner leur champ d'expertise dans les différents domaines de la chirurgie plastique.

En termes d’avancement pour cette profession, il espère vraiment que l’ingénierie tissulaire deviendra une chose courante à l’avenir et que les gens pourront faire pousser des parties du corps à partir de leurs propres cellules dans les laboratoires. 

« Cela donnera l’occasion de remplacer les parties du corps perdues ou malades par des parties issues de culture qui seront 100% compatibles avec le corps du patient. »

Par Donah Mbabazi   dmbabazi@newtimesrwanda.com




Tuesday, June 16, 2020

Les deux tours de Babel, Octobre 2001

https://www.liberation.fr/tribune/2001/10/03/les-deux-tours-de-babel_379055

Burundi.Faut-il se laisser séduire par "Hélène et les garçons" ? Février 2005

https://www.courrierinternational.com/article/1998/05/06/faut-il-se-laisser-seduire-par-helene-et-les-garcons

Pierre Nkurunziza ou le CNARED : Le Burundi entre deux suffisances, Septembre 2015

Depuis sa mise sur pied, le Conseil National pour le Respect de l'Accord d'Arusha et de l'État de Droit au Burundi (CNARED) communique et agit comme s'il ne s'adressait exclusivement qu'à une audience d'opposants acquis de manière aveugle au départ sans conditions de Pierre Nkurunziza de la présidence de la République. Invariable, le discours de ce Conseil s'enroule et s'enchaîne autour de l'unique pilier de l'inconstitutionnalité du troisième mandat présidentiel, squatté par Pierre Nkurunziza. Depuis le 26 août, fidèle à sa logique d'opposition très rhétoricienne, cette opposition ne tient d'ailleurs même plus ce dernier comme président de la République du Burundi.

Tranquille et insoucieux, le CNARED ne semble rien entreprendre qui démontre qu'il soit conscient qu'en face de lui, le public, y compris parmi les adversaires de Pierre Nkurunziza, forme un spectre éclectique d'individus et de groupes, de par leurs positions, leurs intérêts et leurs états d'âme. Plusieurs des sympathisants du CNARED se repaissent des discours et des déclarations contestataires de Léonard Nyangoma, Jérémie Minani et autres porte-voix de l'opposition. L'oreille cousue à "la Voix de l'Amérique" et à la "Radio Inzamba", ils se rechargent à l'actualité nourrie de la violence répressive du régime, des revers et des impairs de sa diplomatie et des imprécations périodiques du Conseil, monté de bric et de broc avec des acteurs issus des partis d'opposition et de la société civile. Hier, les masses lancées dans la contestation de rue se recrutait dans ce vivier. La verve légaliste et hargneuse de l'opposition galvanisait la troupe, l'envoyant chaque jour au casse-pipe et, pour près d'une centaine d'entre eux, à la mort. Les reporters de presse filmaient, photographiaient, interviewaient, transportant leur témérité et leur cause aux quatre coins d'un monde solidaire. Le discours public de l'opposition politique burundaise, taillé pour la presse, donc simple, ponctuait ces reportages et la méthode fit recette. Mais aujourd'hui, ceux qui bravaient dans la rue des policiers tirant à balles réelles, se sont tassés sous la lourde chape de plomb coulée par l'appareil répressif. D'autres poursuivent le combat en mode incisif et satirique derrière leurs claviers, à travers les réseaux sociaux. L'actualité burundaise s'étant vidée de ses récits épiques, la presse internationale s'est déployée sur d'autres fronts plus mouvementés. La presse privée nationale est muselée. Mais le discours des partis d'opposition politique, lui, reste inchangé, toujours aussi simplet, comme s'il s'adressait toujours à une presse qui n'est pourtant plus là ou aux manifestants, qui ont déserté les rues.

Il est difficile d'imaginer le CNARED devenir le fer de lance d'un mouvement qui parviendra efficacement à rapprocher le Burundi d'une solution pacifique et consensuelle tant qu'il aura si peu d'égards envers :

1) les supporters et les 1.961.510 électeurs présumés (statistiques officielles) de Pierre Nkurunziza, eux-mêmes partagés entre, (a) d'un côté, les écorchés vifs des longues dominations et répressions tutsi (1972, 1988, 1993-1996), constamment dans leurs tranchées à guetter et à voir en tout mal, d'où qu'il surgisse, les agressions fatales d'une "minorité nostalgique et revancharde", et (b) de l'autre, des citoyens modérés ou passifs et retournables ;

2) les Burundais hostiles à la reconduite de Pierre Nkurunziza mais soucieux de ne pas être instrumentalisés par une opposition, opportuniste et peut-être elle-même en partie sectaire, qui n'a absolument rien démontré de la valeur ajoutée potentielle qu'elle représente pour un Burundi post-Nkurunziza meilleur, avec ou sans le CNARED, avec ou sans le CNDD-FDD;

3) les chancelleries occidentales et les institutions intergouvernementales politiques ou financières sous leur influence (ONU, Union Européenne, Banque Mondiale, FMI, etc.) : Dans une sous-région fertile en dépassement de mandats présidentiels, elles se retrouvent coincées entre les contradictions de leurs positions et leur antipathie à l'égard d'un homme, Pierre Nkurunziza qui, sur le plan des attitudes et des aptitudes personnelles, représente à leurs yeux l'antithèse du leadership moderne, qu'il soit de l'école de la démocratie ou de celle du développement. Ces chancelleries rejoignent les Burundais perplexes sur l'alternative que représente cette opposition qui ne propose aucune voie de compromis bancable. Disposées au compromis entre Burundais, elles veulent vite remettre sur selle une coopération sans avoir de rattrapage coûteux à faire sur des concurrents bilatéraux, telle la Chine qui ne s'épuise pas en considérations byzantines pour rempiler avec les pouvoirs établis, fussent-ils bien ou mal réélus ; 

4) la diplomatie continentale et régionale africaine qui, faute d'habilitation à donner des leçons en matière de respect des Constitutions, attend désespérément des propositions de résolution du conflit tirées ou inspirées des théories consociationalistes, développementalistes, etc.

Après s'être obstiné à forcer son passage vers les élections et son maintien au pouvoir, Pierre Nkurunziza se retrouve aujourd'hui dans un isolement diplomatique sans précédent dans les annales du Burundi. Qu'à cela ne tienne, il double les promesses mirifiques de développement, malgré des capacités à mobiliser des ressources qui s'annoncent plus compliquées que jamais. Face à lui, le CNARED s'enferme dans son Église du réveil, ensommeillante, sur l'inconstitutionnalité du mandat de Pierre Nkurunziza. Occupé à répéter en boucle l'illégalité du mandat et de la position officiels de Pierre Nkurunziza, le CNARED a tort de se croire lui-même dispensé du devoir de convaincre de sa propre légitimité. Pour l'heure, sa "vision" du changement semble être limitée à celle qui doit impérativement se faire sur le trône. Son appel au changement, à "l'alternance" prend dès lors les airs d'un appel à une simple rotation des privilèges. 

Au-delà de la rhétorique juridique et du réquisitoire sur les violations des droits de l'homme - qui n'émouvront pas le médiateur ougandais, Yoweri Museveni, vétéran des mêmes pratiques - le "livre blanc" du CNARED contre le régime du CNDD-FDD est précisément blanc. Entre, d'un côté un Pierre Nkurunziza, isolé et obstiné dans sa marche solitaire, et de l'autre, un CNARED, figé dans une position qui ne lui vaut que le soutien d'inconditionnels sans apport de dividendes, le Burundi patauge. Quoi qu'ils clament, Pierre Nkurunziza et ses associés savent que leur position confine le pays dans l'impasse et des régressions en tous genres. Le CNARED, lui, n'a pas l'air de se rendre compte des impasses de son jeu et de son propre isolement. Tout se passe un peu comme s'il s'était convaincu, à tort, qu'il est automatiquement renforcé chaque fois qu'un nouveau fait d'actualité vient affaiblir la position de Pierre Nkurunziza. 

Dans la spontanéité des protestations de rue des mois de mai et juin 2015 et la répression brutale et médiatisée qu'elles entraînèrent, des voix s'élevèrent de tous les continents pour demander, une nouvelle fois, à Pierre Nkurunziza de renoncer à sa candidature pour un troisième mandat présidentiel. Les partis d'opposition, par rejet sincère du "système DD" ou par pure opportunisme, saisirent la balle au bond, réclamant à tue-tête le renoncement de Pierre Nkurunziza. La stratégie de l'opposition s'enraye à ce stade depuis plus de 120 jours. 

Pour espérer fédérer au-delà des auditeurs dévoués de "radio Inzamba" et des artilleurs de Facebook et Twitter, les ténors du changement devraient davantage s'affirmer en source de vision et en force de proposition, si tant est qu'ils aient une vision et des propositions à faire. Ils devraient s'efforcer de donner un contenu clair et détaillé à l'agenda qu'ils proposent pour le dialogue politique, qui aille au-delà du simple départ de Pierre Nkurunziza. 

Les dix années de pouvoir de ce dernier laissent derrière lui une nébuleuse informe de citoyens aujourd'hui divisés sur des clivages factices. Les acteurs prétendant représenter une alternative crédible à Nkurunziza doivent prouver à leurs concitoyens leurs connaissances et leur compréhension des défis et des épreuves de leur quotidien. Mieux, ils doivent les convaincre qu'ils peuvent sortir du fatalisme et de l'immobilisme auxquels on les accoutume et résigne, ce en les éveillant au potentiel en eux-mêmes pour défier les problèmes qui s'abattent sur eux, d'un bout à l'autre des journées, des mois, des années et des générations. Des acteurs déterminés à porter ce changement doivent prouver leur capacité à construire et articuler clairement leur vision spécifique des changements et des mesures politiques et économiques spécifiques nécessaires pour le Burundi. Ils doivent aussi pouvoir déconstruire avec la même clarté les impasses et les perversions rédhibitoires du régime qu'ils combattent. Gagner leur légitimité commence par cette communion dans la vie du peuple au nom duquel ils prétendent vouloir prendre le pouvoir. En ultime étape, elle doit impérativement se consacrer dans les urnes. Le dialogue, prôné par tous (Union Africaine, EAC, ONU, etc.), doit se construire autour d'un énoncé clair des pratiques et des systèmes de gouvernance à mettre sur place et des mesures transitoires et conséquentes à prendre pour que le quotidien de l'État et des citoyens burundais eux-mêmes soit rapidement affranchi des pratiques obscures qui minent tout. Elles désagrègent jusqu'aux conditions d'un scrutin qui donne réellement le libre choix aux Burundais de donner leurs voix aux députés, aux sénateurs et au Chef de l'État qui offrent à leurs yeux le plus de garanties d'une vie et d'une citoyenneté meilleures. Tout cela est-il possible dans un compromis politique qui sauve la face de chaque partie ?

Burundi : Exproprier, un marché lucratif ? Juillet 2015

En 2012, J.T. s'est fait exproprier une parcelle par l'Etat pour permettre la construction d'un nouveau palais présidentiel à Gatunguru, au Nord de Bujumbura. Après une lutte vaine pour empêcher l'expropriation, elle se résigna à accepter le paiement d'une indemnité, calculée sur base d'un tarif dérisoire au mètre carré. A une étape avancée du processus de paiement, un cadre de la direction générale de l'Urbanisme chargé des opérations de compensation/indemnisation la trouva à son domicile pour lui proposer une accélération de la procédure en contrepartie d'un bakchich. J.T. refusa tout net : "Vous me donnez une indemnité de misère. A présent, je dois la partager avec vous ?" Un mois plus tard, elle apprenait que son indemnité avait été versée à quelqu'un d'autre "par erreur". De surcroît, les services de l'Urbanisme, responsables de l'erreur, lui demandèrent de courir elle-même après l'individu ayant encaissé son dû afin de le récupérer ! 

Finalement, le gouvernement admit son "erreur" et cette année 2015, il a voté un budget avec un litera pour indemniser les derniers cas non réglés d'expropriation sur le site de Gatunguru, dont celui de J.T. Générosité ? Mercredi 29 juillet 2015, J.T. se présente au service de la comptabilité de la Direction générale de l'Urbanisme, au bureau n° 615 du 6ème et dernier étage du bâtiment qui abrite le Ministère : "Je m'appelle J.T. et je viens réclamer mon dû." L'agente du service comptable est abasourdie. "Vous avez dit que vous êtes qui ?" J.T. répète son nom. Là-dessus, la représentante du Ministère se tourne vers une autre dame, XY, assise dans la même pièce : "Et vous, vous êtes qui encore ?". Sa carte d'identité indique qu'elle porte le même nom que J.T, qu'elle a un père et une mère aux mêmes noms que ceux de J.T. Ce n'est pas tout. XY détient même tous les documents (extrait du plan cadastral de la propriété expropriée, lettres au Ministre, lettre du Ministre, lettre du Procureur, etc.) que J.T. avait remis au Ministère. Au bout de quelques questions posées à son endroit par la préposée du Ministère, XY, perdue dans le fil tortueux de ses mensonges improvisés, finit par s'emmurer dans un silence coupable, consciente de l'impasse. Elle détient une fausse carte d'identité qu'elle a fait fabriquer dans le seul but de percevoir une indemnité réservée à quelqu'un d'autre. Manifestement, elle a obtenu les documents de J.T. avec la complicité de quelqu'un du Ministère qui y a accès. Sur place, le service de comptabilité tranche en faveur de J.T. Mais J.T. ne sait toujours pas si un jour, elle se fera payer cette indemnité, si les ressources budgétisées pour l'indemniser ne tomberont pas en annulation à la révision budgétaire, si la procédure ne sera pas de nouveau détournée vers le compte de quelqu'un d'autre ou si quelqu'un du Ministère viendra encore lui demander un bakchich pour l' "aider". 

Une "petite erreur" peut cacher un mal beaucoup plus profond ...

Les années passent et l'Etat burundais a de moins en moins de terres. Depuis l'époque coloniale, personne n'a jamais tenu de compte à jour et précis des terres de l'Etat distribuées. Nul ne saurait dire quelle superficie totale des terres de l'Etat a été abusivement allouée, à qui, pourquoi. Un inventaire fait en 2001 estimait à seulement 141.445 hectares la superficie des terres de l'Etat encore libres et habitables. C'est approximativement la superficie de la province de Karusi. Qu'en reste-t-il, 14 ans plus tard, en 2015 ? Pour construire des routes, des écoles, des hôpitaux, des barrages, des lotissements résidentiels pour une population en croissance constante, cet Etat recourra de plus en plus souvent à l'expropriation, faute de terres dans son patrimoine. Il y aura de plus en plus de victimes et cela coûtera de plus en plus cher au contribuable burundais. Entre 2006 et 2012, le montant des crédits votés par l'Etat burundais pour indemniser les personnes expropriées a été multiplié par neuf (de 0,5 à 4,5 milliards FBu) ! C'est une raison plus que suffisante pour que la procédure d'expropriation soit gérée avec le plus de transparence et d'équité possibles. 

Au-delà du préjudice individuel subi par J.T., c'est ce qu'il indique comme permissivité et corruption chronique du "système" qui préoccupe. Si des "erreurs" comme celle subie par J.T. ont été rendues possibles, cela veut dire que bien d'autres similaires pourraient avoir été commises avant et continuent sans doute à l'être. En effet, jamais une explication crédible n'a été donnée pour expliquer l'erreur dont a été victime J.T. Pourtant, des mesures claires, simples et non coûteuses sont prévues dans la loi pour la procédure de paiement des indemnités, ce précisément afin d'empêcher les fraudes les plus grossières. Quand de telles procédures sont ignorées, elles ouvrent à des risques immenses de fraude. Si de surcroît, ignorer ces procédures est sans conséquence administrative ou pénale pour l'auteur, alors la suite est simple et prévisible. La procédure devient ignorée de manière délibérée et répétitive pour faire du profit illicite. Une usine à pomper les fonds publics sur le dos de personnes - déjà victimes d'expropriation - peut se mettre en place. Chaque année, les expropriations représentent, en indemnités, des centaines de millions voire des milliards de francs qui vont sur des comptes en suivant une procédure entachée d'opacité et d'irrégularités, comme le cas de J.T. le démontre. Sur 100 victimes d'expropriation, combien touchent entièrement leurs indemnités ? Combien les partagent avec des fonctionnaires véreux ? Combien de personnes perçoivent des indemnités pour des expropriations qu'elles n'ont jamais subies tandis que d'autres, comme J.T., attendront en vain d'être payées ? Comment le savoir ? Tant que le gouvernement burundais restera sourd aux appels à la transparence, de telles erreurs pourraient être répétées pour des années encore, délibérément. C'est pourtant le même gouvernement qui, ces sept dernières années, a accompli des avancées importantes dans les politiques foncières proclamées et les lois édictées. Mais toutes celles qui impliquent des concessions sur son système patrimonialiste occulte sont systématiquement sabotées.

Le fait est que personne ne semble soucieux de faire appliquer le code foncier dans ses exigences de transparence. La loi foncière (article 437) prévoit par exemple qu' "un répertoire général des terres expropriées et leur destination est dressé et conservé par l’autorité compétente". En quatre ans d'entrée en vigueur, jamais un tel répertoire n'a été publié. Qui va agir ? La société civile ? Depuis plus de cinq ans, des associations réclament plus de transparence dans le processus de gestion des expropriations, en vain. L'Ombudsman ? Face aux contentieux de plus en plus lourd des expropriations, il a lancé dans son rapport annuel de 2012 un appel afin que l'Assemblée nationale joue un rôle de contrôle de l'action gouvernementale en matière foncière qui soit plus préventif. Lui-même n'a pas été écouté. Jamais l'Assemblée nationale n'a commandité d'enquête, convoqué le Ministre en charge des Terres sur sa gestion globale du foncier. Les partis politiques d'opposition ? Bien que la question foncière soit un enjeu crucial au Burundi, aucun d'entre eux n'a jamais livré un diagnostic de la situation et des défis du secteur foncier, ni articulé une vision et un plan qui démontrent une bonne connaissance des expériences et des projets en cours et des corrections ou redressements qu'ils appellent. Plusieurs ténors de cette opposition sont même des prédateurs fonciers qui ont largement profité des largesses des systèmes antérieurs ! Qui alors ?

Avec un peu de chance, J.T. aura son dû, juste parce que le hasard a fait qu'elle se soit retrouvée dans le même bureau que son usurpatrice d'identité. Si elle est indemnisée, son ancienne propriété aura donc fait l'objet de deux paiements puisque celui qui, en 2012, reçut l'indemnité à sa place n'a jamais remboursé un franc au Trésor public. Personne n'enquêtera non plus pour identifier le fonctionnaire ou le réseau de fonctionnaires qui s'est peut-être construit pour prélever annuellement un pourcentage des centaines de millions des crédits d'indemnisation. Si J.T. obtient son dû, on dira qu'il n'y a pas eu mort d'homme, que son droit aura été respecté. Faute de défenseurs, les droits de l'Etat burundais, eux, seront passés par pertes et profits : ignorés, abandonnés !

Pendant ce temps, à Bujumbura, les échoppes ferment moins tôt. Le ronronnement des moteurs de véhicules et des groupes électrogènes se prolonge plus tard dans la soirée. Même les veillées funèbres concèdent davantage de temps à la solidarité aux morts, sous la malveillance de la nuit. Des boîtes de nuit rouvrent. Avec un peu de chance, peut-être que bientôt nous n'entendrons même plus de coups de feu ou d'explosions. Il n'y aura plus ni morts ni blessés par la violence politique. Hélas, le retour à la normalité, ce ne sont pas que ces signes ostensibles. Une autre "normalité", la mauvaise gouvernance, moins bruyante, toujours aussi dévastatrice, persiste à avancer, sans se laisser perturber ni par les manifestations de mai-juin 2015, ni par les élections de juin et juillet de la même année. Un processus électoral conduit avec respect pour ce qu'il aurait véritablement dû être, sans hold up, aurait pu être un tournant pour changer la réalité de cette mauvaise gouvernance, y compris par un CNDD-FDD requinqué par un nouveau leadership. Il n'en sera rien. Un simple jeu de chaises musicales : quelques nouvelles figures pour badigeonner les petites plaies. Le cancer de la corruption, lui, va métastaser. Quand J.T. se fait usurper son identité deux fois en trois ans pour se faire voler son indemnité d'expropriation, le Burundi, lui, se fait escroquer ses intérêts une fois tous les cinq ans, par des élections sans plus-value. L'UPRONA a gagné des élections. Le FRODEBU a gagné des élections. Le CNDD-FDD a gagné des élections. Quand est-ce que le Burundi gagnera une élection ?

Gael Faye, Petit Pays

On dit que l’avenir d’un pays est déterminé par la grandeur ou la petitesse de celui qu’il prépare pour ses enfants. Alors préparez-vous à vous faire (re)tourmenter par l’avenir du Burundi en lisant « Petit pays », première œuvre littéraire de Gaël Faye. Suivez les vicissitudes d’un bout de vie d’un bout d’homme, Gabriel (« Gaby »), dix ans, personnage central du roman. Spectateur impuissant de la désunion de ses parents puis de la descente de son pays dans l’enfer de la guerre civile, Gaby fait ricocher son regard hagard sur un monde qui se désagrège autour de lui. Désemparé, il l’est davantage quand, dans les démences de sa désintégration, ce monde le presse précocement à des dilemmes et des choix traumatiques pour un préadolescent : Papa ou maman ? Hutu ou Tutsi ? Tuer ou être tué ? Reprendre ou donner ? Se taire ou dénoncer ? Se battre ou se cacher ? Être ou paraître ? Aimer ou être aimé ?

Récompensé par le « Prix du Roman FNAC 2016 », « Petit pays » est une ode à l’innocence de l’enfance. Dans le fouillis de la rentrée littéraire de septembre dernier, « Petit pays » a conquis sa place sous les feux de la rampe par l’art consommé de l’écriture de Gaël Faye et ses choix ingénieux de scènes et d’« angles de prise ». Du prologue à son épilogue, le roman fait infuser dans nos consciences les tournures d’esprit pures d’un enfant qui ne demande qu’à l’être, dans ses gentillesses sans double-fond, dans ses vagabondages puérils. Avec l’humilité, la candeur et la perspicacité de son âge, Gaby raconte les plaisirs et les espiègleries de ses incartades en bande, à Kinanira. Il partage ses haut-le-cœur et sa perplexité sur les adultes et ses camarades glandeurs quand ils le soumettent à des sollicitations insidieuses et perfides. 

Né d’une mère rwandaise réfugiée, en quête frénétique de stabilité, d’un père français jouissif dans l’aventure, Gaby est le témoin régulier de leurs incompatibilités, de leurs querelles et de leurs fréquents replâtrages d’union. Comme pour tenter de comprendre "l’amour", qui vole en éclats entre ses parents sous ses yeux, Gaby en fait le démontage et le réassemblage, comme l'on ferait d'un jouet, en se lançant dans une candide relation épistolaire avec une écolière inconnue de France. Quant au « petit pays », il observe le prolongement de ses clivages et de sa fracture dans le microcosme du personnel de la maison familiale et de l’entreprise de son père.

Pour certaines revues littéraires, le roman de Gaël Faye emprunte largement à l’autobiographie. Qu’à cela ne tienne, pour nous, enfants du « petit pays », le roman, ses récits et sa galerie de personnages éveillent des souvenirs tendres, aigres-doux et amers de ces années 1992-1994. Tout parle de nous. Vous vous y retrouverez. Vous vous y reconnaîtrez. Vous reconnaîtrez vos bourreaux si vous étiez victimes, vos victimes si vous jouiez aux bourreaux. A défaut, vous reconnaîtrez vos choix devant les mêmes dilemmes graves infligés au petit Gaby, auxquels personne ne pouvait échapper ni n'échappe encore aujourd’hui, hélas. Au premier contact, à la première description d’un personnage, vous anticiperez sa trajectoire, la guerre venue, comme aucun lecteur étranger ne saura le faire. 

Que « Petit pays » soit autobiographique ou pas, le fait est qu’il est biographique pour des millions d’enfants du Burundi, piégés entre les ravages du désamour et de la pauvreté dans les ménages d’un côté, de la violence et l’immoralité des affaires politiques de l’autre. « Petit pays » a fait grand bruit en France et dans la francophonie riche. Les échos de son succès se fracassent encore aux portes des bistrots et gargotes de Bujumbura qui brassent et diffusent la rumeur sur les mille collines du pays. Serait-ce en attendant que le mouflet se décide enfin à choisir son camp ?

Recension : Cyprien Mbonimpa, Mémoires d’un diplomate (1973-2006). Entre tourmente et espoir, Iwacu, 2016


A jeun ou pas, les deux cent dix-huit pages des « Mémoires » (2016) de Cyprien Mbonimpa, ancien Ambassadeur et Ministre des Relations extérieures du Burundi, se lisent facilement et rapidement. Ils sont racontés sous une forme de narration dense, riche en témoignages directs sur quelques événements importants de l’histoire politique du Burundi : l' "affaire Ntungumburanye" (procès politique de 1971), le cataclysme de 1972, le renversement du Président Micombero, l'avènement et la déchéance du Président Bagaza, la damnation du conflit de la décennie 1980 entre l’État et l’Église, la crise dite de Ntega-Marangara, la "politique d’unité nationale" lancée en 1988, la conférence de La Baule (1990) et le virage de la démocratisation (1990-1992), les élections générales et le drame de 1993, etc.. Tous ces événements, narrés dans un français propre et sans prétentions littéraires, Cyprien Mbonimpa en rapporte plusieurs moments vécus comme témoin et acteur de premier plan.

L’homme s'est fait connaître du grand public à sa promotion comme Ministre des Relations extérieures sous « la IIIème République » du Major Buyoya. Mais son livre ne manque pas non plus d’intérêt par le récit :

  • de ses premiers pas comme tout jeune fonctionnaire dans l'administration du Président Micombero, qui plus est dans les services de renseignement et dans le cyclone des événements tragiques de 1972 ;
  • de ses premières armes dans la presse nationale (sous le Parti unique) et dans la carrière de diplomate (Premier Secrétaire d'Ambassade à Bruxelles puis Ambassadeur à Paris) sous le Président Bagaza.

Ces « mémoires » abordent la carrière de l’auteur et les époques qu’elle a traversées sans manquer, à chaque étape et tournant clé, de vérifier, confirmer ou (le plus souvent) infirmer, tantôt des « rumeurs » tenaces répandues sur son compte personnel, tantôt des « thèses populaires » sur des événements politiques mémorables. Cyprien Mbonimpa semble particulièrement soucieux de se laver des accusations de trahison politique qu'il traîne derrière lui. Elles vinrent d'abord de l’ex-Président Bagaza et de ses proches, qui le tiennent pour fourbe, par le fait d’avoir réussi le tour de force – à leurs yeux invraisemblable - de passer sans transition du poste prestigieux d’Ambassadeur à Paris sous le Président Bagaza à celui de Ministre des Affaires étrangères sous le Président Buyoya. « Complot en vue du renversement des institutions » fut aussi le « crime » qui lui fut imputé par le gouvernement de Buyoya (1987-1993) qui le porta sur les plus hautes cimes de sa carrière avant de le disgracier. C’est sur l’ « infamie » des accusations de ce gouvernement, sur la peine et les blessures (prison) qu’elles lui causèrent qu’il s’épanche le plus, clamant son innocence, expliquant la lucidité politique, la nouvelle philosophie de vie et la foi qu’il en tira (sa réclusion à la prison de Mpimba le confina un temps à la lecture entière de la Bible). Pour se défendre de ces accusations, l’auteur avance des faits, des logiques et, avec le recul du temps, son opposition de principe aux putschs. Avec recul car paradoxalement, l’auteur témoigne aussi des démarches personnelles, sommaires mais intrigantes qu’il entreprit auprès des colonels Bagaza et Firmin Sinzoyiheba à des périodes différentes pour leur signifier ses encouragements en faveur d'un renversement militaire des pouvoirs des Présidents Micombero et Ntibantunganya.

L’Ambassadeur Cyprien Mbonimpa évoque les circonstances de ses changements de fonction, les rencontres gravées dans sa mémoire, pour ce qu'elles changèrent dans son destin, en bien ou en mal. Par endroits, il exhume des souvenirs pour le caractère comique, loufoque ou prémonitoire des situations qui se produisirent et qu'il relate. D’où l’abondance des anecdotes qui rendent à la fois plaisante et instructive la lecture de son livre. Ses hautes fonctions l’amenèrent à fréquenter les sommets de l’État. Le lecteur se délectera des esquisses de "psychanalyse" des Présidents Bagaza, Buyoya, Ntibantunganya, Ndayizeye et Ndadaye, avec lesquels il eut, pour les uns, des rapports de travail étroits, pour les autres des face-à-face occasionnels ...

Rompant avec sa vocation de « mémoires », le dernier chapitre du livre est consacré à la vision du futur, les credo et les espoirs de l’auteur pour la paix, le développement économique du Burundi et de sa région. Cette partie prospective fait un arrêt chronométré sur le conflit politique en cours au Burundi et sur les gouvernants actuels. Il ne les épargne pas de son regard critique mais les amadoue de conseils prodigués avec une plume révérencieuse, digne d’un diplomate habile et chevronné. Ce chapitre cassera l’entrain des lecteurs avides d’histoires et peu disposés à suivre l’auteur dans les circonvolutions de sa pensée sur la « Vision 2025 » du Gouvernement burundais et les nouveaux défis de l’intégration économique régionale au sein de la Communauté Économique Est-Africaine (EAC). Cette partie tendra aussi à créer ou consolider chez le lecteur le sentiment que les nombreux voyages, les innombrables rencontres, les bonheurs et les revers de sa carrière ont concouru à faire de l’auteur un homme lucide, accompli et apaisé, à l’esprit moderne, résolument tourné vers l’avenir, encore plein d’énergie et de projets.

En fin de compte, ces « Mémoires d'un diplomate" retracent la chronique des reliefs d'une carrière livrée au public avec un mélange buvable d’humilité et d’estime de soi, sans passions malsaines, avec un esprit manifestement apaisé par le temps et les épreuves. C’est une contribution sobre mais utile à l’écriture de l’histoire contemporaine du Burundi à laquelle, malgré tout, l’auteur doit davantage. Après un  parcours politique long, chargé d’illusions et désillusions, de fortunes et infortunes, Cyprien Mbonimpa a sans doute pris sa plume en partie pour exprimer sa gratitude envers les personnes, qu’il nomme, auxquelles il doit les plus belles pages de sa vie. Quant à ceux et celles qui trahirent sa confiance et son amitié et dont il préserve l'anonymat, il déclare les avoir fait passer par pertes et profits, sans rancune. Ainsi va la paix.

The ultimate battle of Joseph Nindorera, July 2017

Joseph Nindorera, my father, hiking in Kabezi, 15 km from Bujumbura (January 1993)

Ten days away from Joseph Nindorera’s end-of-mourning ceremony, one of his sons pays homage to him. Breaking the habit of pompously reciting a CV, he reminisces about his father's final hours ... (http://www.iwacu-burundi.org/le-dernier-baroud-de-joseph-nindorera/)

On August 23, 2016, Joseph Nindorera passed away at 86. His heart’s fatigue and eagerness for eternal rest decided so.

In his last hours, he would wince at the sorry souls gathered around his bed, never without trying to dupe them with a sign of vitality. He hated this bed, which made him feel as if he were already in a coffin, on the day after his own death, helplessly contemplating relatives and friends, one after the other, bowing down to his remains. This mourning, on his watch, irritated him. As if he wanted to cancel it and undo these sad faces, he mustered his strength, removed his catheters, slowly sat up in bed and then put both feet on the ground.

However pale and weak, he was determined. Without a cane, turning down any help, he stood upright. Sluggishly, he put one foot in front of the other, took one step after the other, amidst gasps and dull groans. Each of his shaky footsteps seemed powered by his firm refusal to end his life as bedridden and his fierce will to die as uprightly as he believed he lived. After long minutes, he had moved a few yards toward the solitude of his dimly lit veranda. Once there, he sat on a chair, not without some difficulty, the bust quite straight for a more dignified stance. Then, with his legs and arms crossed, he immersed himself in the deepest and most pensive of his silences, head held high, his gaze turned toward a night which bore no promise of dawn. It was in this very posture that he fell into unconsciousness forever.

From an unwanted funeral bed to his patriarch chair, those few vacillating steps were the last he made in this world of ours, a last walk taken by one of the first and oldest endurance and recreational walkers in Burundi.

This is how Joseph Nindorera died. More accurately, this is the way he lived. At the doorstep of death, he fought his last battle here on earth to bequeath to his family, with a few steps, a profound life lesson : however slim, build on your own strength, live and die with dignity.

The widow who had faith, February 2017





Burundi, Bujumbura, in 2012. One evening, a neighbor, B.H., visited me in my home to hand me an invitation to an end-of-mourning ceremony. It was the first time that she crossed the entrance gate of my home and knocked at my door. We did not know each other and we had never exchanged anything but tame civilities, those of neighbors whose paths cross each other every day. So for this first, it was well worth sharing a drink. With this invitation, we had at least one topic of conversation. After our first sip, B.H. still did not say a word. To break the ice, I opened her invitation card, in search of inspiration. It was only when she saw me reading her invitation card and when she sensed a slight discomfort on my face that my visitor broke her silence.

Fourty years earlier, in 1972, death knocked at the door of B.H.’s family house. It had the sound of a rumbling "m'en fous m'en fous" Mercedes military truck (1). A few soldiers got out of it, shouted at her father, dragged him out, and hoisted him abruptly onto the platform of their four-wheeled cattle-trailer. This was the last time she ever saw her dad. Yet her mother never accepted the death of her husband. For a long time, she was convinced that he would come back. "My husband is alive." It was perhaps not an inner conviction, but she only needed hope to cling to, to revive the strength to earn a living, to feed her children, to send them to school and keep them motivated to succeed. When my husband returns, she often said, I want him to be proud of me, of what the children have become, of the marvel our household morphed into without him. With the benefit of hindsight, B.H. understood and learned not to thwart the stubbornness, obstinacy of her mother and her hope hanging on by a thread that was the thread of her children's path to school and life. Fourty years after her father's death, after B.H., her brothers and sisters had all completed their studies, embraced a career and founded their own families, they gathered around their mother and formally ended the mourning of a man who had to disappear, not die, to make this “stubborn” widow the kingpin of her family. 

The story of B.H.'s devoted mother reminds us, Burundians, of what faith and hope can buy and build up from tragedy to breathe life. Never did this widow allow herself to be blighted and tormented by despair, or obsessed by "the unavoidable comeback of the evil enemy". Hope and faith were her best allies. Soon her granddaughter will take the Hippocratic Oath and become a doctor, like her father. She will soon heal the sick, save lives, regardless of ethnicity. Neither the soon-to-be doctor nor her mother will ever forget what happened to their respective grandfather and father. And that is how it should be. Deep in their heart, surely they stand compassionately by the side of Marie-Claudette Kwizera, regardless of her ethnicity. On December 10, 2015, without anyone knowing why, Marie-Claudette, the accountant of the Burundian Human Rights League "Iteka" was abducted by unknown individuals aboard a Police vehicle with tinted windows. She was subsequently held incommunicado without any reason. Even the $2,000 ransom demanded and paid by her family could not set her free. Perhaps she was abducted and extrajudicially executed by someone himself born of a father kidnapped and executed, like hundreds of thousands were, back in 1972. Delusional figment of imagination ? Drama used as compost for melodrama: isn’t this the vicious circle that has gripped us for more than half a century? 

What kind of Burundi are the two daughters of Marie-Claudette, aged 11 and 6, growing up in? What is this country teaching them to believe in: our resemblances or our differences? Trust or mistrust? The force of law or the law of force? Our unsolved past deepen our prejudices. Our prejudices dig our graves. Fourteen months and nine days after the abduction, the "Iteka" league was officially banned by the government of Burundi from operating in the country and Marie-Claudette’s husband and children still do not know whether she is still alive or not. Hope and faith may never bring her back to her children. But surely they will build more than they will destroy her daughters and Burundi. Hope is life. A well-known Burundian journalist told me how one day he received a fresh letter from Uganda “to be hand delivered to him". Of this letter, each line that he read brought back to his memory, one by one, all the years – twenty – he spent believing the shipper to be dead: his father was alive ! 

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(1) In 1972, a Hutu armed group stormed Rumonge, a small city in South-West Burundi, targeted and slaughtered over a thousand of Tutsis, including women and children. The intervention of Burundi armed forces had the hordes of killers neutralized within days. In retaliation, for the next four months, all over the country, more than two hundred thousands of Hutus, mostly adult men, were indiscriminately abducted and summarily executed by the Tutsi-dominated army and Tutsi militias. The infamous “M’en fous M’en fous” (“I don’t care, I don’t care”) Mercedes military trucks transported the abducted who were often killed on their way to a mass grave. 

Burundi caught in the pitfalls of its own history, November 2015


Since April 26, 2015 and the designation of Pierre Nkurunziza as the CNDD-FDD (1) party nominee in the July 2015 presidential election, Burundi has been the scene of a conflict which, after a vibrant phase of street protests, subsided, but is still alive. According to humanitarian sources at the end of November, more than two hundred people (2) have been killed since April . President Pierre Nkurunziza is confronted with those who challenge the legality and legitimacy of the third presidential term which he won in the July 21, 2015 election, by forcing the event. Yet, beyond his decision to run for a new term, it is particularly how he is handling the conflict which shows the most dangerous effects any struggle for power in Burundi can still lead to, fifteen years after the Agreement for Peace and Reconciliation in Burundi was signed in Arusha. Stifled truths and unhealed wounds of Burundi and the Great Lakes Region troubled history have caused national and international political actors to provide political and diplomatic responses which are very often distorted and disproportionate to the on-going events. 

One night in 2006, in Bujumbura I went with my wife to see my aging parents for an ordinary family visit. A group of people were standing around a young girl in front of their entrance gate. She seemed to be lost. She couldn’t tell us where or to whom she could be returned. Night had fallen. When the gate was finally opened, we entered to greet my parents. They had a guest, Berahino (pseudonym), who was around sixty years old. When we told them that we were going back outside to learn more about the young girl, their guest told us with a grave air: 

"No matter how sorry you feel for that young girl, don’t make the mistake of letting her in this house or in your house. The 'assailants' (3) are getting more and more imaginative when it comes to attacking our households. Nowadays, they use children, taking advantage of the tenderness and innocence that they inspire. These children pretend to be selling knick-knacks, asking for drinking water and the like. In fact, they are spies sent by the 'assailants'. Open your door to them, you will be opening it to assailants and to death."

We pretended to agree, but then we went out to see the child in the street and we ended up by taking her to our home, disregarding the visitor’s advice. She would not talk. She grudged us her name and age on the second day: Chantal, seven. She seemed to be three years older than that. The first two days, she was stubbornly silent. She sometimes muttered a few words in Swahili. Chantal scraped her "R" like people from Bukavu (DRC). It was the first clue, though a weak one, of her possible origins. If she doesn’t want to talk, we said to ourselves, she is certainly scared and she must have her own reasons. Therefore, we resolved neither to overwhelm her with our attention nor make her anxious with our questions. We would patiently build up her confidence, hoping that she would progressively open up and concede more information about herself. After a few days, she did open up, talking and laughing with the innocence and spontaneity of a child without fears. Little by little, tricking her with silly games, chatting with her on seemingly random matters, we finally managed to piece together segments of her story. 

Some days later, we had collected enough pieces to trace her origin: somewhere in Kamenge, in the northern part of Bujumbura, near the dispensary named Buyengero, nearly four kilometres from where she had taken off. That is where I took her back one morning, waiting for any sign of memory awakening in her. After walking around for some time, I finally managed to find the way to her aunt’s home. She was living close to the dispensary, the place from which the girl had wandered off. When her aunt saw her, she was doing the laundry, and she jumped up and burst into tears. She thought that her niece had disappeared for ever, after a week long visit in Bujumbura, coming from ... Bukavu.

This endless violence which undermines our values

This episode of young Chantal’s history brings to light the subtle variations of perception that a human being can undergo, when subjected to a long immersion in a context of serious grave, mass and unpunished violence. Berahino had given us friendly advice not to feel concerned about a lost child. He was calmly speaking, and he articulated his message with confidence. He had all external appearances of a man at peace. But can he really be at peace when self-defence is his reaction to the presence of an unknown young girl? He undoubtedly considered our decision to take the child with us to be wrong, silently looking down on our “naiveté". For the case of Chantal, Berahino took into account a legitimate interest -his security- faced with a risk somehow real but certainly overestimated : an attack by "rebels"/assailants through a child. 

The happy end of Chantal’s mishap is one of those stories which show us the small traumas with which, over time and continual trials, we simply learn to live with, but they deform us. They imperceptibly metastisize, change our behaviours, our reactions, and they foster other types of prejudices. Berahino has no doubt that there have been children acting as guides for thieves or killers. It may even be true. What is concerning is how his behaviour is now uncompromisingly ruled by that risk. His obsessive sight of a "rebel" rooted in every corner of his mind has moulded in him a besieged mentality. In Burundi, this mentality leads to tragedies. It explains excessive acts of violence, which are afterwards justified as acts of self-defence. In August 1988, at Ntega and Marangara, two northern land-locked and remote communes, some rumours of “imminent attacks” by members of a given ethnic group against another were enough to spark deadly confrontation between the two ethnic groups . The same tragedy - killings-repression - was launched again, after sixteen years of calm. Result: between 5.000 to 50.000 people killed, in just a few days! 

The fact that Berahino didn’t feel any concern for Chantal is one thing. We do the same every day. I admit, for one Chantal I might help, every day of the week there are hundreds of other people in the same circumstances who I do nothing for. But the fact that Berahino’s only pressing concern when faced with Chantal’s distress was to discourage someone from helping another fellow human is something else altogether. Decades of violence have undermined the values of many Burundians. For the case of M. Berahino, it is his distrust, almost pathological, which is considered as a positive quality, as wisdom, as "cautiousness". Trust is considered as a handicap, as weakness. According to Berahino-like people, the strongest survive thanks to that "cautiousness" and people die due to "naiveté". The descendants and survivors of those who die of "naiveté" join the camp of "strong people". They become strongly obsessed with plots and conspiracy. They are almost impervious to mutual confidence and acceptance which, according to them, lead to the grave. 

Past suffering, wounded memories, manipulation

In some respects, the current conflict echoes the heaviness and deadly memories of a tragic and real past. The cowardly assassination in October 1993 of Melchior Ndadaye, the first democratically elected president in Burundi and the first Hutu President of the Republic of Burundi, has left open wounds in people’s memories. He was the first serving President of the Republic to be assassinated in Burundi, whereas all his predecessors have only been toppled without bloodshed. Melchior Ndadaye is presented by his companions in the struggle as the leader within his political party and his government, of a moderate, conciliatory, dialogue-favourable position, with a non-ethnic view of the cyclical conflicts in Burundi. According to his followers, he advocated a measured progression toward democracy, to allow due time for the dissipation of the ethnic resentments which he acknowledged within his own political party, and within the predominantly Tutsi opposition parties. 

Twenty-two years after his death, the memory of Ndadaye’s brutal death is cast indiscriminately on the events of 2015 with an outdated understanding, bipolar and ethnic. Just as Berahino, ready to consider a seven-year old lost girl as a disguised devil, President Nkurunziza supporters today point out that the demonstrators of the tutsi-dominated neighbourhoods of Musaga, Mutakura, Nyakabiga are the heirs to October 1993 people, mainly tutsi, involved in the putsch, who reject a hutu power coming from elections. However, most of the demonstrators who are targeted are young people who were not born yet - or who were just born - when Melchior Ndadaye was assassinated. In their overwhelming majority, they’ve only lived political pluralism. They’ve never seen the naked face of the discrimination of Hutu of the 1970s and 1980s. They can not even imagine or recreate the presumed feeling and "pleasures" of the old order of past decades which the rulers claim that they are nostalgic for. In Nyakabiga, during demonstrations, these young people warmly welcomed Sylvestre Ntibantunganya, Léonce Ngendakumana, from the FRODEBU party, people whom their fathers considered as devils in 1993. Today, many Pierre Nkurunziza supporters spray the 2015 conflict with ethnic scents which stink of the 1993 conflict already twenty-two years ago. The hutu opponents of the third term are at best pointed out as innocent victims of the ethnic minority’s deceitfulness and at worst, they are seen as traitors to the cause of Ndadaye’s heirs, among whom the CNDD-FDD sees itself as the unique champion. 

In 2015 however, the political situation has greatly changed. Fifteen years of implementation of the Arusha Peace Agreement has provided this generation, all ethnic groups together, with the practice of democracy oriented toward other fronts than the ethnic front. Arusha Peace Agreement and the Constitution of the Republic of Burundi have introduced the rule of elections through universal suffrage and the distribution of power between hutu and tutsi within institutions according to proportions defined beforehand (60/40 %). Knowing that with the rule of universal suffrage the presidential seat almost automatically falls to a Hutu, political parties considered to have majority tutsi members progressively became a minority, mediating between two rival political forces with hutu predominance. 

On the field, the ethnic understanding then dangerously given to the Burundian conflict results in fierce and resentful repression and reprisal. They are at the origin of a feeling of uneasiness within public, civil and armed services. Fortunately, in those services, the bipolar and Manichean understanding of the conflict, by some, is not shared by many and doesn’t confirm the hutu-tutsi ethnic divide. 

Since the official end of the armed conflict in December 2008, a lot of water has passed under the bridge. There are many managerial staff and young Burundians, Hutu and Tutsi, who have undertaken for years to get rid of the ethnic yoke through calm political and social cohabitation. But those who held onto this understanding act ruthlessly, using the resources of the State. The official communication and repressive operations reflect this. Supporters of this dichotomous vision openly show it even on social networks, Twitter and Facebook, where many violent and bitter memories are recalled. 

Very dangerously, this game brings about perverted machinations within the opposition group. The years 1972, 1988 and 1993 echo in the mind of many tutsi unspeakable violence repeatedly inflicted on parents and friends, whose crime was nothing more than their ethnic identity. Recently on October 29, some days before a disarmament operation announced in quarters mainly inhabited by tutsi, the president of the Senate, a hutu, stirred up a threat of razing some residential areas known to be predominantly inhabited by Tutsis. His words have raised public outcry. In a very opportunistic way, he was amplified by a parallel event between his words and those pronounced twenty one years earlier by genocide actors in Rwanda. In view of a traumatic past in Burundi, not acknowledging the sincere fear that the Senator’s words inspire in victims would be offensive. To make fun of this fear is cynical and disrespectful. However, capitalizing on this fear politically, with uncritical acceptance, is also questionable, ethically speaking. Twenty-two years after serious violence that Burundi and Rwanda have gone through, the national and international context has visibly changed. In 2015, the composition of Burundian security forces is not similar to either 1993 in Burundi or to 1994 in Rwanda. The international political and diplomatic environment has also considerably changed. UN peace keeping forces more and more often operate with the mandate to conduct offensive operations. International jurisdictions track, prosecute and arrest notorious criminals throughout the world in active cooperation with nations on every continent. Information and warnings may come from any cell phone, which is rechargeable in any area in Burundi. That can’t be said about the context of Ntega and Marangara massacres in 1988. 

Even if the progress that the world has made in preventing and responding to grave crimes has not prevented them in Syria, in South Sudan and elsewhere, and though it may not completely eradicate them, there is nonetheless a rein on the temptation to resort to unrestrained sectarian violence in Burundi. But this restraint does not inevitably apply to secret manoeuvring which is almost equally serious. In fact, even if the threat of genocide is averted, whatever the government might do in secret, with the same sectarian mindset to destroy the spirit and the letter of Arusha, is still frightening. In this respect, initiating a census, as the Senate is currently doing, which tracks the ethnicity of the members of the security forces in such a poisonous context does not build confidence. 

The current Burundian political conflict is clearly burdened by the heavy history of Burundi. Today, Burundi is paying interest on a debt of truth that has never been paid. The young people who are being tortured and killed are hostages of a past that they didn’t live and for which they can’t be held responsible. Human beings who die are not the only ones to suffer. Values and systems which are being sacrificed to anger and resentment, suffer as well. Yesterday’s "revolution" which toppled a monarchy but which covered up unspeakable crimes became a "democracy", but one reduced to its simplest and most caricatured form. 

Berahino vs Thérence

One day, Thérence Ndabiyubare, a Tutsi, got an unexpected visit from Nimenya, a Hutu, a man who, in October 1965, killed Marc, his cousin with whom he had strong ties. Marc’s assassination remained a mystery. He was suffering from a severe mental health problem and all the community knew it very well. He was killed in the first ethnic killings of the post-Independence era, in Muramvya (centre of Burundi). Nimenya had just served a five-year sentence in prison. Thérence took control of his memories and welcomed Nimenya. The latter was coming to ask for a small plot of land to cultivate. As custom dictates, Thérence asked Nimenya to come back with a pitcher of traditional beer around which he would gather his brothers and inform them of the decision. Unsurprisingly, Thérence’s family unanimously recommended he refuses to give land to the murderer, who, on the contrary, should be grateful to be allowed to live. They made it clear granting land to this murderer would betray Marc’s memory. However, Thérence decided on his own to give Nimenya, his cousin’s murderer, the plot of land that he had asked for. He explained it this way: "The sweet potatoes that he will harvest are not for him. Nimenya is too old. They are for his children. What did they do to my cousin? Nothing. Why should I take a decision that would affect them? They are innocent. Besides, if these children have nothing to eat, they might be tempted to steal, including from our property." Some years later, Charles, one of Thérence’s sons, would be saved from the October 1993 massive killings by one of Nimenya’s sons (4). 

To save Burundi we must remember but also free ourselves, of the anguishes and prejudices of the past, face the future, positively, without sacrificing the fundamental rules and principles of democracy.

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(1) CNDD-FDD : National Council for the Defence of Democracy- Democracy Defence Forces

(2) Human Rights Watch, Burundi: President’s Speech Instills Fear as Killings Increase, November 10, 2015

(3) Common term in Burundi to refer to armed rebellion actors

(4) Berahino vs Thérence" is a true story. Thérence Ndabiyubare, Marc and Charles are real name and first names. Like Berahino, Nimenya is a pseudonym.

Burundi and ICC : Chronicle of a divorce foretold, October 2017


Burundi and ICC: Chronicle of a divorce foretold©©afpThousands of Burundians on October 28 answered the government's call to celebrate the country's withdrawal from the ICC, cheering the "historic" day using slogans such as "bye bye ICC"

Burundi's withdrawal from the Rome Statute of the International Criminal Court (ICC) entered into force on October 27, 2017. It is the final act of a divorce proceeding that began well before it was formally notified to the UN Secretary-General, twelve months ago. Indeed, the circumstances under which in 2004, Burundi ratified the Rome statute had already the appearance of a marriage of convenience doomed to fail, at the first couple quarrel. Be that as it may, by becoming the first state to exit the ICC, Burundi is also opening the blank page of this Court's jurisprudence on the effects of a withdrawal.

 The Rome Statute of the ICC entered into force in Burundi on 1 December 2004. Nineteen months earlier, in June 2003, the country had already experienced its first threat of withdrawal from the ratification process while it was reaching its final stage. On April 17 and 22, 2003, in just six days, the draft bill of accession to the Rome Statute had been adopted respectively in the Council of Ministers and the National Assembly. The legislative process stalled in the Senate, two months later, because of a controversy on “Article 124” of the ICC statute. It reads that a State, on becoming a party to the Rome Statute, may declare that it does not accept the jurisdiction of the Court with respect to war crimes when such crimes are alleged to have been committed by its nationals or on its territory. It was only after a court battle that a narrow circle of insiders within the executive branch backtracked, first from their plot to apply article 124 without the knowledge of the Council of Ministers and the Parliament[1], then from their attempt to withdraw the draft bill from the ratification process. It took a ruling from the Constitutional Court of Burundi[2] to force the Government of Burundi to complete the process of enacting the Rome Statute Ratification Act, despite the absence of a vote in the Senate.

 THE QUESTION OF THE "PRELIMINARY EXAMINATION"

Today, the withdrawal of Burundi from the ICC raises with more acuity than twelve months ago the question of its effect on the “preliminary examination” of Burundi case, which was first announced on April 25, 2016 by Ms. Fatou Bensouda, the ICC Prosecutor. She is cautious and shows restraint on the matter. “We think we have at least a year to complete this examination and open an investigation if that is the conclusion that we come to” she said[3]. “At least”, indeed, what about beyond? Article 127, on the withdrawal from ICC, is puzzling. It ends with “(….) nor shall it prejudice in any way the continued consideration of any matter which was already under consideration by the Court prior to the date on which the withdrawal became effective.” Academics themselves only agree on the ambiguity of the text, which leads to different interpretations, because of imprecise wording such as “continued consideration” or “under consideration”. Somehow, the French and the English versions of the statute add to the confusion by the substantial difference in the wording used in one and the other version. Some invoke general international law to decide the matter, for lack of possible arbitration by the statute or by the reference texts produced by the Rome statute preparatory commission[4]. In this regard, the regime-orchestrated “Bye Bye ICC” demonstration which took place in the streets of Bujumbura this Saturday morning seems premature. In any case, can the ICC play any role other than a sword of Damocles? The Kenyan precedent has demonstrated its limits in case of non-cooperation by a state, even when it did not withdraw from the ICC.

THE PROSPECT OF A CONSTITUTION REVISION

 On Burundi domestic scene, each time an air bleed valve is closed, the temperature rises further in the oven. The prospect of a Constitution revision to pave the way for Pierre Nkurunziza’s fourth consecutive presidential term has only brought a dose of toxicity to the air, already charged with a heavy and audible silence. Depressurizing the oven requires the strong emergence in Burundi of an opinion which deconstructs the sectarian, populist and aggressive narrative of those in power on the one hand, the opposition legalistic narrative, in weightless conditions, on the other. Between the two, Burundians have demonstrated an exceptional resilience that is an undeniable strength for those who know how to listen to it and set it in motion. We must sincerely hope that all this is done peacefully.

 [1] At no time did the official presentation and debate on the status of the ICC held in April 2003 at the Council of Ministers and the National Assembly address the issue of Article 127, about which no mention was made.

[2] This ruling (RCCB 57 of 25 July 2003) obliged the Government to promulgate the law but not to deposit the instrument of ratification at the United Nations Secretariat General. The deposit was made only one year and three weeks after promulgation.

[3] Fatou Bensouda: "Burundi is obliged to cooperate with the ICC until October 2017", Great Lakes Info, November 4, 2016 

[4] Whiting, A., If Burundi Leaves the Int’l Criminal Court, Can the Court Still Investigate Past Crimes There?, in Just Security

crimes-there/, visited on 27 October 2017. Parmela Capizzi, « Le retrait du Burundi du Statut de la Cour pénale internationale : quelles conséquences ? », La Revue des droits de l’homme